Bobby Bazini

Pearl

Pearl

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Pearl

En première partie : David Laflèche

Après plus d’une décennie de succès jalonnée par des nominations et des prix (JUNO®, Félix, etc.), des disques platines, des dizaines de millions d’écoutes en ligne et des concerts à guichets fermés, Bobby Bazini nous revient avec Pearl, qui n’est rien de moins qu’une véritable renaissance musicale pour l’artiste.

Le processus de création de Pearl a commencé le jour où, en ouvrant un magazine National Geographic, Bazini est tombé sur un article qui expliquait comment se formait une perle : lorsque des corps étrangers comme des grains de sable entrent dans l’huître, celle-ci se protège en entourant ceux-ci de plusieurs couches successives de nacre. D’un irritant, l’huître réussit à créer l’une des matières les plus rares et belles au monde! Ce concept l’a fasciné; il a ensuite fait un lien avec une période plus sombre qu’il venait de traverser et il a fortement eu envie d’écrire à partir de cette idée.

Lorsqu’est venu le temps pour Bazini de trouver un collaborateur pour transformer cette inspiration en chansons, son choix s’est immédiatement porté sur Connor Seidel (1969 Collective, Charlotte Cardin, Les sœurs Boulay) : « J’entendais son nom partout depuis des années. On est entré en contact et ç’a cliqué entre nous. J’ai tout de suite su que j’avais trouvé le bon réalisateur pour ce projet. Avec le recul, je peux dire que je ne m’étais pas trompé ».

Les deux artistes s’entendent pour commencer le travail quelques semaines plus tard. Entre-temps, Bazini est allé voir la mer. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas voyagé et il s’est rendu compte sur place à quel point elle lui avait manqué. Un jour, il enregistre même des bruits de vagues sur son téléphone. Au retour, lors de leur première séance de travail ensemble, Seidel et Bazini écrivent la pièce Pearl : « Je lui ai parlé de l’effet que la mer avait eu sur moi, de l’article du National Geographic, de la transformation du négatif en quelque chose de positif, je lui ai fait entendre les bruits de vagues… Connor m’a dit que ça l’inspirait beaucoup. Après avoir terminé Pearl, on a décidé de faire tourner tout l’album autour de cette idée ».

Pearl allait donc devenir un album concept. Dans les paroles, les thématiques, l’ordre des chansons; dans la répétition de certaines mélodies et pistes de voix pour suggérer la sphère; dans les interludes où on entend la mer; dans le choix des instruments (harpe, flûte traversière, etc.); dans les voix qu’on ferait sonner comme si elles étaient sous l’eau; dans les percussions de coquillages qui reviennent à différents moments dans l'album, tout, absolument tout allait nous ramener à la perle. « Connor était très excité par ce concept, parfois plus que moi, je crois (rires). J’ai trouvé ça tellement beau que mon projet devienne aussi le sien. J’ai travaillé avec plusieurs réalisateurs dans ma carrière et son approche est assez unique. Il m’a montré le chemin à suivre pour

incarner le plus fidèlement possible, en une dizaine de chansons, cette idée première que je portais en moi. »

Lors de leurs séances de travail, les deux créateurs écoutent beaucoup de musique, dont plein d’artistes en vogue dans les années 70 comme Terry Callier, Jorge Ben ou Nick Drake. En trois semaines à peine, soit de décembre 2021 à janvier 2022, une première version de Pearl est terminée! « On enregistrait souvent les voix et les guitares avec nos téléphones pour ne pas perdre trop de temps, car on voulait se concentrer sur l’écriture à fond. D’ailleurs, il reste quelques tracks de guitare, de voix et de sons de bord de mer enregistrés avec nos iPhones dans le mix final ».

Après ces trois semaines de création pure, Bazini et Seidel bouillonnent d’enregistrer leurs nouvelles chansons et se mettent à choisir qui allait jouer les différents instruments. Ils se réservent les guitares, privilégiant les cordes de nylon, inspirés par le jeu de João Gilberto, un musicien brésilien, pionnier de la musique bossa nova. Et comme l’album au complet avait été écrit avec du nylon, il y en aurait aussi sur les maquettes finales. Seidel a aussi joué les lignes de basse. Pour le reste, « on avait une équipe de rêve en tête et on a attendu que tout le monde soit disponible avant de débuter les enregistrements. Le premier musicien qu’on a appelé, c’était Robbie Kuster (Patrick Watson). Il s’est occupé de la batterie et des percussions, des clochettes et de la scie! Aux claviers, on a choisi Conner Molander (Half Moon Run). C’est comme s’il faisait chanter son clavier, ce gars-là, c’est hallucinant. Son jeu était tellement puissant qu’il a influencé celui des cordes par la suite. Au moment où Éveline Rousseau (The Barr Brothers) s’est mise à jouer de la harpe en studio, il s’est passé quelque chose : c’est comme si on venait d’entrer pour de bon dans l’univers de Pearl. Aux cordes, Antoine Gratton m’a jeté à terre. Avant de le contacter, tout le monde me parlait de lui et de son talent. On dit de lui qu’il a une touche florale dans ses arrangements, et c’est ce qu’il a apporté à l'album. Le résultat est tout simplement sublime. Félix Petit (Les Louanges), à la flute traversière et au saxophone, complète l’ensemble. Enfin, l’ingénieur de son Charles-Émile Beaudin a fait un travail remarquable en studio, on a beaucoup parlé ensemble avant l’enregistrement, on se partageait des références musicales, et Charles-Émile a tout de suite comprit où on voulait aller. »

Pearl, une perle, que l’huître fabrique de son nacre pour se protéger des irritants du monde extérieur; voilà qui illustre bien le parcours de Bobby Bazini pour en arriver à ce cinquième album studio : « J’ai néanmoins l’impression que c’est aussi mon premier, en quelque sorte. J’avais toujours rêvé de créer un album comme celui-là et j’ai maintenant l’expérience, la maturité, la liberté et l’équipe pour le faire. J’avais des choses à dire, il fallait que ces chansons-là sortent de moi. C’est un album qui fait voyager; en l’écrivant, j’avais constamment l’écho de la mer dans les oreilles. Je souhaite qu’il en soit tout autant pour l’auditeur ».

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